Étant donné qu’au Canada, plus de 6millions de personnes s’identifient comme handicapées ou ayant un handicap, l’accessibilité est essentielle au sein du mouvement de défense du climat. Il est également indispensable de veiller à ce que des individus aux diverses capacités et aux différents besoins en matière d’accessibilité soient accueillis et inclus aux tables de décision, afin que les solutions et les politiques proposées reflètent les perspectives de toute la population canadienne.
Nous savons que le mouvement de défense du climat a eu des problèmes d’inclusion par le passé. Du débat sur les plastiques à usage unique aux discussions sur les zones interdites aux véhicules, le mouvement a été accusé de capacitisme (discrimination fondée sur la capacité) et de ne pas être accessible à tous. En conséquence, certaines personnes n’ont pas le sentiment que le mouvement de défense du climat est un lieu accueillant et sûr pour elles. Vous pouvez contribuer à résoudre ce problème en encourageant l’amélioration de l’accessibilité au sein du mouvement.
Que vous-même ayez des besoins en la matière ou non, vous pouvez être un allié ou une alliée et plaider pour une meilleure accessibilité. Souvenez-vous que le fait d’être valide ou bien portant est un état temporaire. Une bonne accessibilité profite à tout le monde et pourrait être importante pour vous ou quelqu’un que vous aimez, maintenant ou à l’avenir.
Si vous souhaitez en savoir plus sur l’accessibilité au sein du mouvement de défense du climat, vous pouvez également consulter le guide destiné aux organisations.
Debout pour l’inclusion
Regardez qui participe aux actions pour le climat. Qui est autour de la table? Qui est absent? Lorsqu’on voit des endroits où il n’y a que des gens valides ou des personnes handicapées qui peuvent facilement être accommodées, les défenseurs doivent se demander pourquoi il en est ainsi. Ils et elles doivent aussi envisager ce qui peut être fait pour qu’un plus grand nombre de personnes handicapées prennent part à la conversation. Il s’agit peut-être d’un processus lent, mais il est important d’entendre une variété de voix.
Encouragez les associations avec lesquelles vous travaillez ou qui organisent des événements auxquels vous assistez à élargir leur champ d’action et à inviter expressément les personnes handicapées et les groupes d’intérêts axés sur l’accessibilité. Même si tout le monde ne souhaite pas participer à chaque activité ou chaque initiative, le fait d’être invité à la table et d’être explicitement inclus est essentiel pour que plus de gens parlent des changements climatiques et des problèmes liés au climat.
Réfléchissez au langage
Réfléchissez bien aux mots que vous utilisez pour parler des handicaps. En tant qu’allié, il est important d’employer un langage qui est inoffensif et qui ne crée pas de stigmatisation, de honte ou d’embarras. Sachez également que différentes personnes préfèrent différentes façons de parler des handicaps. Le langage centré sur la personne utilise des expressions telles que «personne ayant un handicap», tandis que le langage centré sur l’identité utilise l’expression «personne handicapée». Les deux termes sont corrects, mais de nombreux individus privilégient l’un ou l’autre. En cas de doute, posez la question aux gens avec lesquels vous œuvrez et pour lesquels vous plaidez. Le présent document a recours à la fois au langage centré sur la personne et à celui centré sur l’identité.
Des questions à poser
Par où commencer en tant que défenseur? Poser quelques questions simples aux organisations peut contribuer à mettre en lumière leurs points forts et les moyens de les améliorer.
Quels sont les aménagements existants?
Les réunions sont-elles accessibles? Bien qu’il n’y ait pas de liste unique de critères d’accessibilité, voici quelques éléments à vérifier et à prendre en compte:
- Si les réunions sont en ligne, y a-t-il une fonction de sous-titrage?
- L’ordre du jour de la réunion prévoit-il un horaire précis afin que les participants puissent venir au fur et à mesure de leurs possibilités ?
- Les documents de la réunion sont-ils rédigés dans un langage clair et simple?
- L’ordre du jour invite-t-il à une discussion ouverte ou les moyens de participation sont-ils énoncés clairement?
Les rassemblements sont-ils accessibles?
- Qui est la personne-ressource en matière d’accessibilité? Comment pouvez-vous communiquer avec elle? Il est important d’avoir une seule personne de contact bien informée pour tous les individus qui ont besoin de mesures d’adaptation, et qu’elle soit facile à joindre par téléphone et par courriel.
- Des plans d’adaptation ont-ils été mis en place? Ces plans sont-ils annoncés à l’avance?
- Existe-t-il des plans d’adaptation qui tiennent compte de l’accessibilité physique, du traitement sensoriel, de la vision, de l’audition et de la santé mentale (anxiété, SSPT, etc.)?
Est-ce que le groupe ou l’organisation partage les informations de façon inclusive?
La science du climat peut être très technique, mais de nombreuses personnes aux capacités diverses souhaitent en savoir plus et il convient de les inviter à le faire. N’oubliez pas que les gens apprennent de différentes manières et qu’ils peuvent avoir différentes connaissances de base.
- Le site web et les médias sociaux de l’organisation sont-ils faciles à utiliser pour les individus qui ont besoin de lecteurs d’écran ou de textes agrandis? Y a-t-il des descriptions en texte alternatif pour les graphiques et les photos?
- L’organisation fournit-elle des informations en langage clair et simple, accessibles à un large public?
- Existe-t-il une variété de ressources dans différents formats (p.ex., vidéos, articles, podcasts), destinées à différents auditoires, soit produites directement,soit liées à partir d’autres sources?
- Est-il possible d’ajouter des informations plus accessibles?
La promotion de la cause est-elle inclusive?
Réfléchissez à ce qui est promu et à la manière dont les messages sont communiqués.
- Le travail de promotion de la cause offre-t-il expressément des possibilités pour les personnes ayant des difficultés de mobilité, des limitations d’activité, des problèmes de santé mentale, des difficultés de traitement sensoriel ou d’autres besoins en matière d’accessibilité? Ou présume-t-il que les destinataires sont valides?
- Y a-t-il de l’espace pour la nuance et la discussion, ou préconise-t-il un comportement universel?
Les messages ont-ils été préparés en collaboration avec la communauté des personnes handicapées?
- Demandez-vous qui a contribué à la rédaction des messages. Les défenseurs de l’accessibilité ont-ils été consultés et inclus?
- Sinon, comment des voix plus diverses peuvent-elles être intégrées à l’avenir?
Les appels à l’action incluent-ils des personnes handicapées?
- L’appel à l’action propose-t-il des moyens de participation pour les individus à faible revenu?
- L’appel à l’action reflète-t-il une gamme de capacités et offre-t-il différentes méthodes de participation (p.ex., assistance à des événements, rédaction de lettres, action directe, éducation communautaire)?
- Quelles méthodes de participation complémentaires pourraient être ajoutées pour inclure davantage de gens?
Si vous ne savez pas si une pratique ou un programme est inclusif, demandez-vous:
- Qui est absent de cette conversation?
- Quels sont les obstacles qui pourraient les empêcher de participer?
- Que peut-on faire différemment pour inviter les gens à participer?
Avec ces questions en tête, réfléchissez à la manière dont la ou les organisations avec lesquelles vous travaillez peuvent améliorer leurs pratiques et devenir plus inclusives. N’oubliez pas que les aménagements varient et que vous ne saurez pas toujours de quelles adaptations un individu a besoin ni quelle est la nature de son incapacité. Il est donc essentiel d’encourager les organisations à se montrer plus ouvertes à l’écoute de la communauté des personnes handicapées et à être prêtes à répondre à leurs besoins.
Pour être un défenseur de l’accessibilité, il faut commencer par poser des questions sur les personnes incluses et sur les aménagements qui leur sont proposés. Une fois la conversation engagée, vous pouvez contribuer à l’élargir et à faire en sorte que la communauté des personnes handicapées soit non seulement incluse, mais aussi invitée et accueillie dans les espaces de défense du climat. La lutte contre le changement climatique est l’affaire de tous et l’inclusion de plus de gens à la table est bénéfique pour tout le monde.