Ce qu’on apprend quand on est jeune nous suit toute notre vie. Vous souvenez-vous du numéro de téléphone de votre enfance et des paroles de votre chanson préférée quand vous aviez treize ans? Nos habitudes de transport nous suivent aussi : c’est comme faire du vélo, ça ne s’oublie pas! Et c’est aussi vrai pour le transport collectif : les enfants qui l’utilisent souvent sont susceptibles de prendre l’autobus et le train à l’âge adulte.
Les jeunes : le public cible idéal pour le transport collectif
Les enfants adorent prendre l’autobus et le train, et ils ont souvent hâte de monter à bord pour s’asseoir à côté de leurs parents. Puisqu’ils ne peuvent pas conduire, ils ne veulent pas toujours devoir compter sur les autres pour les emmener du point A au point B. C’est une belle occasion de les inciter à utiliser le transport collectif, une habitude qui fera économiser notre ville à long terme, en plus d’en faire un milieu de vie plus sécuritaire, moins pollué et moins congestionné.
Voilà pourquoi la Ville d’Ottawa s’est jointe en 2023 à d’autres villes du pays afin de rendre le transport collectif gratuit pour les enfants âgés de 0 à 12 ans. Tout comme Calgary, Toronto, Halifax, St. John’s et plusieurs villes de la Colombie-Britannique, Ottawa a compris l’importance d’encourager et d’aider les jeunes à utiliser le transport collectif. À Gatineau, le transport collectif est gratuit pour les enfants de moins de 12 ans, tandis que les élèves du secondaire ont un laissez-passer spécial leur offrant un accès gratuit pendant l’été, les soirées, les fins de semaine et les congés scolaires. À Kingston, les jeunes de 14 ans et moins ont un accès gratuit au transport collectif et les élèves du secondaire voyagent gratuitement pendant l’année scolaire. Résultat : la fréquentation du transport collectif par les jeunes a explosé et la fréquentation globale a augmenté de 73 %! Le modèle de Kingston, qui mise sur de la formation et des transports collectifs gratuits, est souvent cité en exemple. Un de ses principaux promoteurs, Dan Hendry, aide les collectivités du monde entier à « prendre l’autobus ».

L’élimination des tarifs gratuits et réduits pour les jeunes est un recul pour le transport collectif à Ottawa
Le budget proposé pour 2025 éliminerait la gratuité pour les jeunes de 11 et 12 ans et supprimerait les laissez-passer mensuels pour les jeunes. Les jeunes devraient donc désormais payer 135,75 $ par mois, au lieu d’avoir un accès gratuit ou un laissez-passer mensuel à 99,25 $. Ce nouveau tarif représente 1 629 $ par année, un fardeau financier pour les familles et les adolescents qui n’ont pas l’âge de travailler ou qui peuvent seulement trouver des emplois à temps partiel mal rémunérés.
Pour un budget qui fonctionne vraiment
Ce n’est pas un secret : le budget du transport collectif de cette année a été difficile à élaborer. Les villes de tout le pays exigent un meilleur financement du gouvernement fédéral et notre ville a demandé au gouvernement de l’Ontario d’agir. Il est clair que la Ville sent la pression de réduire ses dépenses, mais la réduction des dépenses doit être équilibrée par un plan à long terme pour favoriser le succès et l’efficacité du réseau de transport collectif et accroître le nombre d’usagers.
La suppression des rabais pour les jeunes ne générerait pas de nouveaux revenus importants pour la Ville. En 2023, les revenus du transport collectif provenant des jeunes âgés de 8 à 12 ans étaient estimés à 174 000 $ par année. Si on se limite aux jeunes âgés de 11 ou 12 ans, ces revenus tombent à 69 600 $ par année, selon les estimations. En éliminant le laissez-passer jeunesse, la Ville espère générer des revenus de 5,57 millions de dollars.
Dans un budget annuel de près de 5 milliards de dollars, cette somme représente un investissement valable dans la prochaine génération d’usagers du transport collectif, qui favorisera l’abordabilité pour les familles, le transport durable et la mobilité des jeunes.
Ensemble, nous pouvons trouver de meilleures solutions
Hausser les tarifs des utilisateurs n’est pas la solution pour sortir de la spirale de la mort du transport collectif. Nous avons besoin d’autres solutions pour rétablir la fréquentation. Au lieu d’avoir un nombre réduit d’usagers payant des tarifs élevés, on devrait chercher à accroître les revenus tarifaires en augmentant le nombre d’usagers effectuant davantage de trajets (ou même envisager d’éliminer complètement les tarifs).
Nous pouvons et nous devons trouver d’autres solutions. Les tarifs et les impôts fonciers ne sont pas les seules sources de revenus des municipalités : certaines villes ont recours à d’autres approches pour financer le transport collectif des jeunes. La Ville de Victoria (C.-B.) finance la gratuité du transport collectif pour les jeunes grâce au stationnement payant le dimanche. La Ville de Gatineau finance une partie de son transport collectif grâce à une taxe sur l’immatriculation des véhicules. À Kingston, le conseil scolaire et la Ville partagent les coûts pour offrir le transport collectif gratuit aux élèves du secondaire.
Les résidents d’Ottawa méritent des options de transport durables, accessibles et de qualité
Pour concrétiser cette vision, il faut relever les défis qui affectent le transport collectif et chercher des moyens d’accroître sa fréquentation, ce qui commence par encourager la prochaine génération d’usagers, au lieu de nuire à l’accessibilité en haussant les tarifs. Si vous êtes du même avis, partagez cet article avec vos proches, votre conseiller municipal et le maire. Contactez votre conseiller municipal par courriel ou par téléphone pour l’informer que vous appuyez le transport collectif gratuit ou à prix réduit pour les jeunes, afin d’assurer un avenir meilleur au transport collectif.